martin-pecheur-pourpre
Cambodge

Cambodge – Un trek au Mondolkiri dans la jungle, la vraie ? C’est possible !

Ma randonnée dans la jungle au Mondolkiri fut sans aucun doute l’activité la plus marquante de mon séjour. Je n’ai pas vu un nombre de singes extraordinaire de par les conditions climatiques, mais l’expérience en elle-même, les conditions éprouvantes, les leçons de survie de mon guide… tout cela m’a rendue fière, heureuse et donné confiance en moi. Dans la jungle, j’ai appris à me connaitre et à connaitre mes limites autant que j’en ai appris sur la faune et la flore m’entourant. Retour sur 3 jours et 2 nuits en pleine nature.

Lorsque j’ai réservé mon trek, j’ai bien insisté sur deux points : je ne veux pas faire le circuit classique préférant m’enfoncer plus dans la jungle et je souhaite un guide expérimenté qui connaisse réellement la jungle, sa faune et sa flore quitte à ce qu’il ne parle pas très bien anglais.

C. m’a présentée à Wing et je savais dores et déjà que ce serait un trek inoubliable. Figurez-vous que la veille, lors de ma journée avec les éléphants, j’avais rencontré un français expatrié à Phnom Penh (coucou P.) qui avait effectué un trek avec ce même guide quelques années auparavant. Il en avait été plus que ravi et nous a rabattu les oreilles en a pas mal parlé. A la fin de la journée éléphants, tout le monde savait qui était Wing.

C. m’annonce également que je ne partirai finalement pas seule. Un autre voyageur se joindra à moi, P. d’origine tchèque. J’étais sincèrement ravie d’avoir un peu de compagnie, encore plus aujourd’hui en repensant à tout cela.

Ce n’est pas à pied que nous partons mais à moto. Comme nous souhaitons découvrir la jungle non touristique, nous commençons le trek à une vingtaine de kilomètres de Sen Monorom. Cheveux au vent et sac à dos bien chargé, c’est parti pour 30 minutes de massage fessier sur de beaux sentiers de couleur ocre.

mondulkiri-cambodge

notre point de départ

Les trois jours qui ont suivi ont été éprouvants. La chaleur et l’humidité sont bien entendu des facteurs rendant la randonnée difficile. Ajoutons à cela un terrain instable et des petites bêtes qui ne sont pas les bienvenues (je hais les sangsues!). La jungle, ça monte et ça descend, ce n’est pas de tout repos. Notre sentier ? Un long couteau nous libérant le passage. Il y a de la boue, des racines, des toiles d’araignée, des plantes et arbres à épines, des rochers… C’est l’Aventure, la vraie. Je glisse, tombe, saute, passe sur ou sous un tronc mort, escalade des piles de blocs de pierre instables et j’ai même failli basculer dans le vide. Heureusement, il y a Wing et P. ; mes deux sauveurs. Si Wing a tendance à nous laisser nous débrouiller – leçon de survie, vous dis-je – P. veille sur moi. Il m’attend, qu’il soit devant ou derrière, me jette des coups d’oeil pour vérifier que tout va bien, et je fais de même pour lui.

jungle-mondulkiri-cambodge

Dans la jungle, je ne suis pas seulement épuisée, je suis aussi heureuse. Heureuse de pouvoir me laver dans la rivière, heureuse d’attraper un poisson pour le dîner, heureuse d’avoir aperçu un singe, une civette ou un cochon sauvage, heureuse de photographier les papillons, heureuse de m’endormir avec le clapotis de la rivière…

Il y a pas mal de vent pendant ces 3 jours ce qui rend improbable la chance d’apercevoir des singes. Nous en apercevrons néanmoins 4, de 3 espèces différentes. Vous imaginez mon ravissement ! C’était furtif et je n’ai donc pas eu le temps de prendre de photos. De même pour les belles civettes. Les souvenirs restent gravés dans ma mémoire.

piege-singe-jungle-cambodge

piège à singes installé par les locaux (notez les bananes). Les singes viennent manger le riz directement dans les rizières, détruisant la récolte des Phnongs. Ces familles reculées vivant en-dehors des villages cuisinent encore le singe lorsqu’elles en attrapent.

Wing est une personne (d)étonnante ! Il connait la jungle comme sa poche et les plantes également. En chemin, il ramasse des champignons, des bambous, diverses plantes et racines pour le repas. Une fois la nuit tombée, il part à la chasse aux crabes et aux grenouilles et revient une fois son sac rempli pour un festin. Un soir, il me ramène un oisillon multicolore qu’il a trouvé sur une branche. Un nouveau compagnon.

martin-pecheur-pourpre

jeune martin-pêcheur pourpré

Autour du feu qu’il allume pour cuisiner, éloigner les moustiques et faire bouillir l’eau pour le lendemain, il nous raconte, autour d’un verre d’alcool de riz, sa fuite dans la jungle sous le régime de Pol Pot. 3 jours à courir afin de semer ses assaillants. 3 jours pendant lesquels il ne mangera pas, n’allumera pas de feu, dormira seulement quelques heures entre les rochers pour finalement réussir à échapper aux khmers rouges. Ce sont ces moments-là qui resteront en moi. J’oublierai la sueur, les sangsues et l’effort physique pour ne garder que les moments de bonheur.

notre festin ; du porc, des grenouilles, du poisson, des crabes, de la soupe de légumes (cuite dans le bambou) et du riz.

shots d’alcool de riz

Nous avons beau être dans la jungle, il y a toujours une maison Phnong et un champ de riz à proximité. Les Phnongs vivent de la jungle. Pourtant, ce sont également les acteurs principaux de la déforestation puisqu’ils déboisent les espaces afin d’installer leur ferme. Rien ne les arrête. Ils partent dans les coins les plus profonds de la jungle  à moto pour couper du bois. Il nous est arrivé d’entendre le bruit d’une tronçonneuse, au loin. C’est impressionnant (et désolant).

jeune Phnong revenant de la jungle. Nous sommes encore sur un semblant de sentier, avant de nous enfoncer dans la jungle

Wing nous emmène chaque jour voir l’une de ces familles. Contrairement aux villages proches de Sen Monorom, elles vivent ici encore dans des maisons traditionnelles, des petites huttes de paille. Les animaux y circulent librement. Au centre, un feu pour cuisiner, se réchauffer et éloigner les moustiques. Les paillasses sont construites en hauteur et les animaux n’y ont pas accès. La rivière, proche de là, fait office de douche et procure l’eau pour cuisiner. Ici, ils n’ont pas l’habitude de voir des touristes et les enfants restent sur leur garde.

maison-phnong

femme Phnong coupant du « médicament »

Le dernier jour, tant P. que moi sommes réellement épuisés. La jungle a aspiré notre force morale. Wing nous demande alors si nous souhaitons plutôt passer la moitié de la journée à travers les champs et collines plutôt que toute la journée dans la jungle. Sans hésitation, nous choisissons cette variante. Une partie du chemin sera le sentier que prennent la plupart des touristes pour des tours dans la jungle à la journée ou 2 jours. Nous y avons croisé pas mal de monde et n’y avons pas retrouvé les saveurs de la jungle. Cela m’a conforté dans mon choix.

Si c’était à refaire, je ne changerais rien ! Ni le guide, ni le compagnon de voyage, ni le lieu. Je ne tire que le meilleur de cette expérience hors du commun et vous encourage à vous aussi, partir dans la jungle cambodgienne et y créer vos propres souvenirs.

INFOS PRATIQUES

A qui confier l’organisation de votre trek ?

Ma randonnée a été organisée par le propriétaire de « The Hangout » à Sen Monorom. Je ne vous le conseille pas pour plusieurs raisons : j’ai payé le prix pour une personne seule mais nous sommes partis à 2 et C. a refusé de nous rendre la différence de prix (conséquente). C. ne connait pas bien la jungle et a clairement laissé carte blanche à Wing. Si j’avais été seule comme cela était prévu, je n’aurais pas voulu partir avec Wing qui devient assez collant après quelques verres d’alcool de riz. Son choix de guide (à la base pour une femme seule) n’était donc pas très approprié.

Vivi et Mot des bungalows « Happy Elephants » sont eux-mêmes guides assermentés et connaissent bien la jungle et les guides Phnong. Leurs tarifs étaient moins chers que ceux de C. et ils ont été très honnêtes avec moi. J’ai regretté de ne pas les avoir laissé organiser mon trek. Et si vous vous posez la question, OUI, ils embauchent également Wing ainsi que d’autres excellents guides Phnongs . N’hésitez pas à les contacter que vous y logiez ou pas.

Tarifs : entre 25 et 50$ par jour et par personne suivant le nombre de personnes et le type de trek souhaité. Tout est inclus dans le prix !

A emporter : lampe de poche, affaires de change légères, manches longues, chaussettes hautes et pantalons de préférence, puissant anti-moustique, maillot de bain, serviette, papier toilette, brosse à dent, savon biodégradable si nécessaire, protection solaire, k-way, pull si possible, (les nuits sont fraiches!), de bonnes chaussures, appareil photo, sac à viande (optionnel), mini-kit de secours (désinfectant, pince à épiler pour les épines, pansements, bandage, smecta).

A savoir que vous devrez également transporter votre hamac, 2 bouteilles d’eau et un peu de nourriture ainsi que des sachets de vitamine C (pour que l’eau ait meilleur goût…). J’ai pris un sac de 35L pour 4 jours et tout rentrait en attachant le sachet de nourriture à l’extérieur de mon sac à dos. On m’avait néanmoins conseillé de partir avec mon gros sac (60L) pour s’assurer que tout rentre.

VOUS VOILÀ PRÊTS À PARTIR À L’AVENTURE !

martin-pecheur-pourpre

martin-pecheur-pourpre

eau médicamenteuse… alcool de riz aux trois racines

artisanat-bunong

Putang-village-Phnong

Village de Putang

Comments (1)

Ecrire un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.